Vous avez une aide-ménagère ? Non, toute une équipe !
Même s’il semble que la situation s’améliore doucement, ça reste quand même majoritairement les femmes qui prennent en charge les tâches ménagères et celles liées à la vie de famille (comme les courses, la gestion des activités, la prise de rendez-vous, les trajets, visites médicales, …). Gérer tout ça en plus d’un boulot, c’est une sacrée charge mentale, qui entraîne stress, fatigue et débordements en tous genres. Alors pourquoi ne pas faire appel à l’équipe dont vous disposez, si de surcroît, c’est du win-win ? Je vous explique. Parce que même si vous ne croyez plus aux contes de fées, je vous assure qu’il y a moyen d’améliorer la situation.
J’ai trouvé trois études (et il y en a encore beaucoup d’autres) qui démontrent les bienfaits de la participation des enfants aux tâches ménagères : celle de Marty Rossmann, professeure à l’université du Minnesota, celle de Julie Lythcott-Haims, professeure à l’université de Stanford et l’étude Harvard Grant, qui s’est étalée sur … 75 ans. Les conclusions sont toutes les mêmes : les enfants impliqués tôt dans la prise en charge des tâches ménagères développent un plus grand sens des responsabilités, une plus grande autonomie et une meilleure estime d’eux-mêmes.
Je cite ici un commentaire sur l’étude Harvard Grant : « Elle a notamment montré que le bonheur n’était lié ni à la richesse, ni au succès, mais surtout à la qualité des relations avec l’entourage et que la participation des enfants aux tâches ménagères contribuait à leur épanouissement futur. Pourquoi ? Parce que l’enfant apprend à remonter ses manches, à se rendre utile, à réfléchir à la manière d’aider… Une attitude proactive basée sur l’entraide et la coopération, qui contribue à la qualité de ses relations futures, qu’elles soient personnelles ou professionnelles. » (Anne-Laure Troublé, BUBBLEmag).
Même son de cloche pour Marty Rossmann qui a étudié le style de vie d’un groupe de 84 enfants respectivement à l’âge de 3 ans, de 16 ans et de 25 ans. Les résultats montrent que les enfants qui ont participé aux tâches ménagères dès 3 ans ont une maîtrise de soi, un sens des responsabilités et une autonomie plus développés à l’âge adulte que ceux qui ont commencé à l’adolescence ou pas du tout. Ils ont également de meilleures relations sociales, obtiennent de meilleurs résultats académiques et sont plus indépendants financièrement.
Mais pour en arriver là, il faut débuter tôt : entre 0 et 6 ans, les enfants sont dans la période de l’ordre (selon la méthode Montessori). Leur besoin d’ordre est primordial, il est synonyme de sécurité. Il leur procure des repères et des routines qui les rassurent. Le tout est de le faire de manière consensuelle, sans autoritarisme.
En impliquant vos enfants dans les tâches de la vie de famille et en leur apprenant à ranger, vous allez :
- favoriser leur sentiment d’appartenance : au clan familial, à la meute
- favoriser leur sentiment d’être utile (j’aide maman et papa)
- favoriser leur notion de partage (tout le monde participe)
- favoriser leur sentiment d’égalité dans la fratrie (je fais comme mon frère/ma sœur)
- favoriser leur confiance en eux (on a confiance en moi, on me confie une tâche, on compte sur moi, c’est ma responsabilité)
- favoriser leur sens de l’effort
- les habituer aux tâches ménagères avant qu’ils ne les considèrent comme des corvées
- en faire des super partenaires/colocataires/etc. dans leur vie d’adulte !
Mais alors pourquoi ne le faisons-nous pas ? On pense souvent que nos enfants sont encore trop petits et après ça devient plus difficile. Ou alors on préfère qu’ils consacrent leur temps à leurs études (mais l’un n’empêche pas l’autre, on ne leur demande pas non plus de s’occuper des tâches ménagères pendant des heures tous les jours). Ou parce qu’on a une aide-ménagère. Ou parce que le faire soi-même, c’est plus rapide et efficace… Bref, on leur trouve mille excuses. Et puis on se plaint. Ça vous parle ?
Quelles tâches leur confier à quel âge ?
- Impliquez-les le plus tôt possible : même bébés, prenez-les près de vous quand vous vous occupez du linge, quand vous nettoyez la salle-de-bain, etc. et dites-leur ce que vous faites, sur un ton jovial.
- Dès l’âge de 3 ans, ils sont capables de ranger des jouets dans un bac, de mettre leur manteau, leurs chaussures, leur cartable à leur place. Ils peuvent aussi vous assister dans de toutes petites missions.
- À partir de 5 ou 6 ans, ils peuvent mettre et débarrasser la table, faire leur lit, mettre leur linge sale dans le panier, préparer leur goûter, trier les chaussettes propres et les plier …
- Vers 8 ans, confiez-leur le linge propre à ranger, laissez-les préparer un paquetage pour aller dormir chez un copain ou chez Mamy, préparer leur pique-nique, vider le lave-vaisselle, nettoyer leurs bottines après une réunion scouts …
- Et à partir de 12 ans, ils peuvent changer les draps de leur lit, sortir les poubelles, lancer une lessive, étendre le linge et le plier, préparer un repas simple, nettoyer le plan de travail et faire la vaisselle, passer l’aspirateur, … tout dépend de ce que vous leur avez appris.
Petit clin d’œil pour aider les enfants à plier leurs vêtements : cliquez ici pour découvrir une ‘planche à linge’ facile à fabriquer soi-même !
Et dans la pratique, ça se passe comment ? Commencez par montrer l’exemple (puisqu’ils nous imitent), puis faites la tâche avec eux, une fois, deux fois et commencez à lâcher progressivement, jusqu’à les laisser faire. Mais soyez patient(e) et indulgent(e), ce n’est pas parce que ce n’est pas fait comme vous l’auriez fait que c’est mal fait ou que vous devez corriger le tir. Et n’oubliez pas d’encourager les enfants, de les féliciter (sans exagération) et de les remercier. À propos d’exagération, évitez les récompenses (surtout financières), les petits cadeaux ou les friandises : ranger ses affaires, participer à la vie de famille, c’est normal. Exprimez votre satisfaction et votre reconnaissance, mais ne vous engagez pas sur la route des récompenses. Ce n’est bon pour personne.
Vous pouvez aussi transformer le moment du rangement ou des petites tâches ménagères en un moment joyeux et ludique, par exemple en mettant toujours la même petite chanson ou une musique entraînante que vos enfants aiment bien. En combinant l’action à la musique, vous créez un automatisme et vous évitez les discussions quand ils grandissent.
Pour les petits, si vous voulez qu’ils deviennent autonomes, il faut adapter les rangements à leur âge et leur hauteur. Prévoyez par exemple un porte-manteau bas, des bacs de rangement avec des images pour qu’ils puissent trier leurs jouets et quand vous leur demandez de ranger, soyez précis(e). Un enfant à qui on demande de « ranger sa chambre » ne sait pas toujours ce qu’on attend de lui. Demandez-lui plutôt de remettre les livres sur l’étagère, de ramasser les vêtements, de mettre les blocs dans le bac, etc.
Cerise sur le gâteau : on a tout bien rangé ensemble, et chouette, il reste 15 minutes pour faire un petit jeu ! C’est aussi une incitation à ne pas traîner.
Pour les ados, ça peut être un peu plus compliqué. Il y a quelques règles à respecter si on ne veut pas vivre dans la confrontation permanente :
- respecter leur intimité, leur domaine : ne pas faire intrusion dans leur chambre, surtout pas en leur absence
- établir des limites (hygiène, respect des autres, …) : chez moi par exemple c’était interdiction de prendre de la nourriture dans sa chambre. À vous de voir !
- favoriser le dialogue, partager des moments de complicité
- éviter la confrontation et les reproches stériles et communiquer en exprimant son ressenti (pour la communication non-violente, je vous conseille de lire Thomas d’Ansembourg !)
- demander quelque chose de très précis et concret : « Tu videras le lave-vaisselle, s’il te plaît ? » et encore mieux, ajouter « avant 18h » ou autre.
- prévoir un temps d’écran après les tâches pour les plus jeunes
- valoriser leurs initiatives, ne pas les rabrouer sans réfléchir
- répartir ensemble les tâches en fonction des affinités si possible. Et pourquoi pas lors d’une réunion familiale hebdomadaire ? Voilà un bon sujet d’article 😉
Vos enfants ont 18 ans ou plus et ils ne font rien ou pas grand-chose à la maison ? Tout n’est pas perdu. En exprimant votre ressenti sans les agresser ni les culpabiliser, vous pouvez arriver à leur faire comprendre qu’il n’y a pas de raison pour qu’une seule personne (ou les parents) fassent tout le boulot. Et puis s’ils revendiquent leur autonomie pour ‘traîner’ avec des potes, passer des heures au Quick ou faire du shopping, il faut qu’ils montrent qu’ils sont aussi capables d’être autonomes à la maison … une monnaie d’échange peut-être ?
Si vous éprouvez des difficultés avec vos enfants ou si vous souhaitez trouver LA méthode d’organisation qui conviendrait à votre famille, n’hésitez pas à me contacter !
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