Peurs, croyances limitantes et procrastination
Dans un précédent article (‘Mais d’où vient ce désordre ?’), j’ai abordé les causes factuelles du désordre, comme le fait que les choses n’ont pas une place bien définie, logique, pratique et communiquée, qu’on fait entrer dans notre maison beaucoup plus qu’on ne fait sortir, qu’on ne va pas au bout des choses et que les tâches de chacun ne sont pas toujours bien définies. Il s’agit des causes pratiques et matérielles, auxquelles on peut facilement remédier avec un peu de motivation, d’entraînement et de communication.
À côté de cela, il y a aussi les causes qui sont liées à notre personnalité, notre façon de réfléchir et d’agir, nos sensibilités, notre vécu, notre éducation, nos peurs, nos croyances limitantes, notre tendance à la procrastination, nos rapports aux choses et aux autres. Ces facteurs touchent au domaine émotionnel et sont plus délicats à traiter. Dans notre métier de home organiser, il est important de comprendre comment les personnes fonctionnent et d’adapter nos conseils, nos méthodes et notre rythme à chacune d’elle, afin de garantir le meilleur résultat possible.
Prenons l’exemple de notre cerveau et de ses deux hémisphères, le gauche et le droit. Ils travaillent ensemble, mais il y en a toujours un des deux qui est prédominant et qui influence notre façon de réfléchir et d’agir. Le savoir peut nous aider à être plus performant. Dans le cas qui nous occupe, cela peut nous aider à prendre une certaine distance par rapport à nos émotions. Mais il faut nuancer l’information : personne n’est à 100% neuro-gaucher ou neuro-droitier et il y a des chanceux qui utilisent presque autant leurs deux hémisphères. D’après des sources fiables, il y a une grande majorité de neuro-gauchers dans la population, soit environ 70%. Quelques caractéristiques qui les différencient :
Aucun de ces profils n’est à l’abri des soucis d’accumulation ou de désordre, mais les causes seront différentes et donc aussi les méthodes pour s’y attaquer. Si l’un a par exemple besoin d’uniformité et de rigueur pour ses rangements (qui ne seront pas apparents), le second préfèrera voir et travailler avec des couleurs.
Et vous, vous êtes plutôt neuro-gaucher ou neuro-droitier ? Si le sujet vous intéresse, vous trouverez des infos complémentaires sur internet ainsi que des tests qui vous donneront une idée de l’utilisation que vous faites de vos hémisphères.
Les croyances limitantes et les peurs sont aussi des facteurs très influents en termes d’encombrement. Les petites phrases qui tuent du style ‘Je suis nul(le), je n’y arriverai jamais’ ou ‘je suis né(e) bordélique, je n’y peux rien’ ou encore ‘je n’ai pas le temps de ranger’ sont autant de freins qui nous empêchent d’aller de l’avant. J’ai lu sur différents sites fiables qu’environ 60.000 pensées traversent notre esprit par jour, qu’elles sont en majorité négatives (75 à 80% !) et que 95% d’entre elles sont récurrentes. Notre cerveau se concentre davantage sur les menaces extérieures et se souvient mieux des faits négatifs, ce qui engendre du stress et de l’anxiété, mais aussi des comportements guidés par la peur (dans le cadre de l’encombrement, il s’agit de la peur de manquer, de gaspiller, de regretter, …).
Les scientifiques disent que cela nous a permis de survivre en tant qu’espèce. Mais notre cerveau se tracasse de notre survie avant de se tracasser de notre bien-être. Sachant cela, nous pouvons choisir de faire un tri dans cette masse de pensées et d’éliminer celles qui sont inutiles. En nous concentrant sur des pensées plus positives, nous allons générer des émotions plus positives qui se traduiront à leur tour en actions et en comportements constructifs. À nous de faire en sorte que les pensées qui nous envahissent ne deviennent pas notre réalité.
Toujours à propos de notre cerveau, saviez-vous qu’il ne fait pas la différence entre un sourire naturel et un sourire forcé ? Lorsque vous souriez, vous stimulez l’amygdale, le centre émotionnel du cerveau, qui libère des neurotransmetteurs pour encourager un état émotionnellement positif. Donc abusez-en, souriez ! Non seulement vous vous sentirez (encore) mieux, mais votre entourage en profitera aussi. Je ne parle pas de jouer la comédie, juste d’aller réveiller la joie au fond de vous 😉
Une autre cause du désordre ou de l’encombrement, c’est la fameuse procrastination, cette manœuvre de protection que notre cerveau met en place quand on le menace de sortir de sa zone de confort. Il ressent un inconfort (souvent lié à l’incertitude et à la peur plus qu’à une véritable menace) et nous pousse à reporter une action à demain, après-demain … On peut aussi procrastiner par perfectionnisme : comme je veux que ce soit parfaitement fait, j’attends que les conditions soient optimales pour m’y mettre (que ce soit du temps, du matériel, des explications, de l’aide, etc.). Et tant que je pense que ce ne sera pas parfait, je ne m’y mets pas.
Mais au final, qu’est-ce qu’il vaut mieux ? Imparfait mais fait, ou parfaitement pas fait ? Et puis un jour on n’a plus le choix, pour une raison extérieure par exemple, on doit s’y mettre et on se rend compte que ce n’était pas si terrible et qu’on s’est littéralement pourri la vie à reporter une tâche pendant tout un temps alors qu’on aurait pu s’en débarrasser rapidement depuis longtemps. Plus on procrastine une tâche, plus elle devient monstrueuse (dans notre esprit). Alors il vaut mieux avaler notre crapaud au plus vite avant qu’il ne gonfle et devienne complètement indigeste … Vous connaissez la méthode ‘Eat that frog!’ ?
« Eat that frog! » c’est un concept de l’auteur Brian Tracy qui se base sur la citation de Mark Twain : « Si votre tâche du jour est d’avaler un crapaud, il vaut mieux que ce soit la première chose que vous fassiez. Si votre tâche est d’en manger deux, commencez par le plus gros. » L’idée est de prioriser ses tâches et de commencer par la plus importante (qui peut aussi être celle que l’on redoute …) et qui nous fera faire le plus de progrès. De cette manière on s’assure de l’avoir accomplie et on ne se laisse pas distraire par des tas d’autres petites choses, sans doute utiles aussi mais pas aussi importantes ou urgentes. Dans son livre « Avalez le crapaud ! », Brian Tracy expose 21 bons moyens d’arrêter de tout remettre au lendemain pour accomplir davantage en moins de temps. Est-ce que ce n’est pas ce que nous recherchons toutes et tous ?
Un autre facteur qui peut créer du désordre c’est notre rapport aux objets et aux personnes. Nous sommes sans doute nombreux à avoir hérité d’un service en porcelaine ancienne, d’une série de verres en cristal ou de couverts en argent qui ne vont pas au lave-vaisselle, de meubles coquets mais pas pratiques du tout, de vieilles photos de personnes que l’on ne connaît pas, etc. Pour certains, envisager le don de ces objets serait un sacrilège, un déchirement, qui reviendrait à renier leurs ancêtres et la culpabilité les empêche de s’en défaire.
Personnellement, je pense que ma grand-mère est plus heureuse de savoir que j’ai donné son service à quelqu’un qui l’aime et l’utilise ou l’expose plutôt que de savoir qu’il se trouve au fond d’une armoire chez moi et qu’il n’en sortira que le jour où ma fille en héritera à son tour. L’amour que nous portons à nos ancêtres (et celui qu’ils nous portent) n’est pas lié à des choses matérielles mais à des moments partagés. Gardez une photo de votre grand-mère attablée avec son service ou prenez une photo du service et attachez-y vos sentiments plutôt qu’à la porcelaine elle-même. Sauf évidemment si vous avez tout l’espace nécessaire et que vous êtes rempli(e) de joie chaque fois que vous le voyez : il n’y a alors aucune raison de vous en défaire !
Si vous vous reconnaissez dans l’une (ou plusieurs) de ces causes d’accumulation de choses ou de désordre, c’est déjà une étape de franchie. Connaître la ou les raisons qui vous empêchent de vivre dans un environnement apaisant et agréable à regarder va certainement vous aider à remédier à la situation. Petit à petit et sans viser la perfection (du moins du premier coup !). C’est ce que je vous souhaite et c’est ce pour quoi je me tiens à votre disposition, si vous ressentez le besoin d’être accompagné(e) 😉
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